“Deux personnes sur cinq sur Terre aujourd’hui doivent leur vie à l’augmentation du rendement des cultures que les fertilisants ont rendue possible.” -Bill Gates, Wired.com

Les systèmes agricoles durables reposent sur les nutriments du sol, mais que se passe-t-il lorsque les agriculteurs n’ont plus accès ou ne peuvent plus se permettre d’acheter les engrais qui fournissent la plupart de ces nutriments ?

A partir du deuxième trimestre de 2021, les prix mondiaux des engrais ont commencé à augmenter de façon spectaculaire. Cette hausse est due à divers facteurs, notamment à l’augmentation des prix du gaz naturel et des couts de transport maritime.

Figure 1 : Prix FOB moyens sur trois ans des engrais généralement utilisés en Afrique subsaharienne pour les applications directes et les mélanges locaux (https://africafertilizer.org/fr/international-prices/)

Dans les marchés plus développés, les agriculteurs ont été quelque peu protégés de cette hausse des prix, avec un meilleur rapport prix cultures/engrais que les agriculteurs en Afrique subsaharienne (ASS). Selon les estimations de IFDC, cette région du monde pourrait avoir connu une baisse de 30 % de la demande d’engrais en 2021. Si les prix des engrais restaient supérieurs aux moyennes des années précédentes, la demande pourrait encore chuter en 2022. La conséquence sera dévastatrice : une réduction de 30 %, soit environ 2 millions de tonnes, en 2022 se traduit par une baisse de la production alimentaire de 30 millions de tonnes, soit l’équivalent des besoins alimentaires de 100 millions de personnes. Cela aura des répercussions significatives sur les besoins en importations de denrées alimentaires en Afrique, alors que les prix mondiaux des aliments continuent d’augmenter.

Le grand écart entre les prix des produits agricoles et le prix des engrais, associé à la disponibilité limité des engrais au niveau mondial, a entraîné une baisse considérable de la demande dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, qui reste un importateur net d’engrais. Les disparités sur le marché mondial ont mis en évidence les vulnérabilités du secteur des intrants agricoles en Afrique.

Image 1 : Lorsque les agriculteurs maliens peuvent trouver des engrais, ils paient désormais plus de 50 US$, bientôt 60 US$ ou plus, pour un sac de 50 kg d’urée, contre 25 US$ il y a un an.

Certains pays d’Afrique, comme le Malawi, ont dû réformer leurs programmes de subventions et limiter les bénéficiaires aux agriculteurs les plus pauvres en ressources, tandis que d’autres gouvernements, comme la Tanzanie, se sont complètement retirés des systèmes d’approvisionnement centralisés.

Dans l’ensemble, l’indisponibilité et le caractère inabordable des engrais devraient avoir un impact négatif sur les systèmes alimentaires en Afrique à moyen terme. Des centaines de millions de personnes seront ainsi exposées à la famine. La réduction des rendements et la hausse des prix des denrées alimentaires qui s’en suivra pourrait être un moteur majeur de l’inflation et une menace importante pour la sécurité alimentaire et la stabilité politique dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne.

Une solution panafricaine est nécessaire pour résoudre le problème de l’accès et de la disponibilité des engrais à l’échelle du continent pour les agriculteurs. Des investissements importants et à long terme sont nécessaires pour augmenter la capacité de production d’engrais sur le continent.

Les engrais utilisés doivent être utilisés plus efficacement. La connaissance de l’utilisation des engrais, l’amélioration de l’efficacité de l’utilisation des nutriments (NUE), l’emploi d’engrais équilibrés spécifiques aux cultures et aux sols, doivent être largement promus auprès des agriculteurs africains afin de maximiser le retour sur investissement de leurs exploitations agricoles.

Enfin, la disponibilité des données et des informations jouera un rôle clé dans la prise de décisions stratégiques, commerciales ou politiques. Les gouvernements africains, l’industrie des engrais et les autres parties prenantes devront s’appuyer de plus en plus sur des informations à jour sur les marchés mondiaux et locaux des engrais, qui leur permettront de mieux préparer et assurer la disponibilité des engrais pour leurs agriculteurs dans un contexte particulièrement volatil. C’est ce à quoi se consacre l’initiative AfricaFertilizer.org (AFO) de IFDC depuis 2009 : rendre les informations sur les engrais en Afrique accessibles à tous.

IFDC offre une capacité unique à engager toutes les parties prenantes, publiques comme privées, dans le développement collaboratif de solutions pouvant réduire le risque de réduction de la demande et d’utilisation d’engrais, et prévenir ainsi une crise alimentaire imminente. Nos outils et initiatives, tels que AfricaFertilizer.orgl’Observatoire Africain des Engrais face au COVID, ou les tableaux de bord VIFAA du Ghana, du Kenya et du Nigeria, pourront jouer un rôle essentiel pour fournir des données actualisées permettant à nos partenaires (gouvernements nationaux, communautés économiques régionales, industrie des engrais) d’atténuer les difficultés attendues dans les mois à venir.


Rejoignez-nous pour relever ces défis et partagez vos idées sur la manière d’éviter une crise alimentaire due à une baisse de l’utilisation des engrais par les agriculteurs africains. Envoyez vos recommandations à info@africafertilizer.org.

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